Anthony, Lieutenant Sapeur Pompier dans l’Allier

. D’abordVoici l’interview d’Anthony, actuellement lieutenant sapeur-pompier, ancien étudiant du DUT HSE et de la Licence Professionnelle PRSF, tout cela à Tulle. Il nous parle de ses études et son expérience professionnelle, de sa préparation au concours d’officier, de l’ENSOSP, et donne quelques conseils aux étudiants qui souhaitent passer ce concours et être officier.

Bonjour M. Martinet, tout d’abord, Pourquoi Tulle ?

Etant natif de la ville de Vichy et résident dans le Puy-de-Dôme, je souhaitais faire mes études dans un département limitrophe afin de garder un équilibre familial/études professionnelles. 

Que gardez-vous comme souvenir de Tulle ?

Une ville familiale à échelle humaine et proposant une facilité d’adaptation.

Lors de mon inscription pour le DUT HSE, je n’avais qu’un seul objectif : Me préparer pour passer le concours d’officier de sapeur-pompier professionnel.

Et je dois dire que dès le premier jour du DUT nous avons été mis dans l’ambiance lorsque l’équipe enseignante a posé la question dans l’amphithéâtre aux 70 étudiants :

« Combien veulent devenir officier ? » Nous étions une cinquantaine à avoir levé la main. En retour, on nous a dit que statistiquement « seulement deux personnes deviendront réellement officier ».

Je garde de très bons souvenirs de cet IUT avec une équipe enseignante à notre écoute. L’un de mes meilleurs souvenirs est sans doute les projets tutorés : j’avais conçu avec 3 autres étudiants un EPI (équipement de protection individuel) solaire pour les personnes travaillant la nuit comme du personnel autoroutier, secouristes ou autres. Un projet permettant d’allier une phase de recherche, de conception et de présentation à un jury.

Qu’avez-vous fait ensuite ?

Après mon DUT HSE, et suite à mon stage de deuxième année, l’entreprise m’a proposé que je poursuive avec une année d’apprentissage. Par conséquence, j’ai poursuivi avec la licence professionnelle, à Tulle, Sécurité des Biens et des Personnes PRSF (Prévention des Risques et Sûreté de Fonctionnement). Une année riche en connaissances et en expériences me permettant d’avoir « quelques billes » pour le concours d’officier. Par la suite, j’ai fait 6 mois à l’IRPAG (Institut Régional de Préparation à l’Administration Général) à la faculté de droit de Clermont-Ferrand. Une préparation notamment pour l’écrit (note de synthèse, QCM) et l’oral du concours (oraux blanc).

A l’issue en 2016, la direction générale de l’entreprise où j’ai fait mon apprentissage (LIMAGRAIN dans le Puy-de-Dôme) m’a contacté pour un poste d’animateur projets sécurité à la direction de la gestion des risques et crises. Lors de mon entretien d’embauche, j’ai présenté à mon futur n+1 mon projet professionnel qui consistait à passer le concours d’officier et j’ai dit qu’à l‘issue je devrais partir de la société. A mon plus grand étonnement, il m’a recruté en CDD pour 6 mois correspondant à la période du concours, et en me proposant de passer des oraux blancs pour m’entrainer au grand oral. Il a été un moteur et un exemple pour moi et le reste de ma carrière.

Conseilleriez-vous un DUT HSE ?

Oui tout à fait, dans mon cas, il m’a permis de préparer l’écrit et l’oral du concours avec l’ensemble des cours dispensés. A plusieurs reprises, j’ai pu entendre qu’il s’agissait de la voie « royale » pour les futurs officiers !

Comment s’est passé le concours de Lieutenant à l’ENSOSP?

J’ai passé le concours officier entre septembre 2016 et janvier 2017. Le concours se compose en trois épreuves réparties en deux phases : une phase d’admissibilité (l’écrit) et une phase d’admission (sport et oral). En 2016, nous étions un peu plus de 1200 inscrits au concours externe pour 110 postes.

préparation de l’écrit :

Pour l’écrit, les connaissances du DUT HSE et les 6 mois passés à l’IRPAG permettent de remplir les critères attendus en étant assidu pendant plusieurs mois en amont de l’épreuve. Je dois dire que ces mois de préparation n’ont pas été de tout repos ! Les murs de mon appartement se souviennent encore des fiches mémentos que j’affichais pour remplir ma mémoire  d’un maximum d’informations ! Suite aux résultats de l’admissibilité, nous n’étions qu’un peu plus de 400 candidats.

préparation des épreuves sportives :

Pour le sport, je me suis préparé un an et demi à l’avance afin d’arriver dans les meilleures conditions pour le concours. Cet entrainement est passé par la réalisation d’objectifs fixés comme des courses de type trail. J’ai même participé au Marathon de Paris en 2017 pour l’œuvre des Pupilles. L’abonnement à la piscine est quasiment inévitable pour parfaire sa technique et faire le meilleur temps le jour J ! Tous ces entrainements ont été bénéfiques : en effet j’ai pu réaliser un palier 12 au Luc Léger, avoir les notes maximales pour le Killy, le gainage, la traction et avoir des notes convenables sur la piscine et la souplesse.

Passage de l’oral :

Enfin pour l’oral, celui-ci se déroule en 3 temps. D’abord 5 minutes de présentation d’un sujet tiré au sort avec une préparation en amont de 20 minutes. Mon sujet était « Le Brexit, une aubaine pour l’Europe ? ». Ensuite, une présentation personnelle de son parcours et de ses motivations. Cette étape doit se faire de manière la plus naturelle possible sans chercher ses mots et sans réciter un texte par cœur. Un exercice que j’ai préparé avec des officiers sapeurs-pompiers et mon supérieur hiérarchique lors d’oraux blancs. Enfin, une partie questions-réponses sur sa présentation ou d’autres sujets ainsi que des mises en situation.

Les résultats sont tombés quelques jours après. Je dois dire que j’avais une très grande satisfaction et un soulagement post-concours !

Et pour le recrutement?

Une fois le concours en poche, la partie n’est pas finie ! Chaque lauréat doit trouver un SDIS recruteur. Pour mon cas, j’ai fait 4 lettres de motivation et j’ai eu un entretien d’embauche dans le SDIS 03. Nous étions 7 candidats pour 3 postes. J’ai été recruté le 1er mai 2017 et je suis parti à l’ENSOSP le 15 mai. Un délai court mais permettant une rapide immersion dans son SDIS.

Comment ça se passe à l’ENSOPS?

Cette année d’école est riche par son contenu ainsi que sur la mise en place de son réseau inter-SDIS. Sur une promotion de 48 officiers, nous venions de plus d’une vingtaine de départements ce qui est une plus-value tout au long d’une carrière. Lors de cette année, huit semaines sont dédiées à de l’immersion dans 4 SDIS différents. Dans mon cas, il s’agissait du Bas-Rhin, l’Hérault, l’Eure et le Cher. Une très belle expérience en terme de vision de carrière et d’expérience professionnelle. J’ai pu notamment être acteur pendant plus de 30 heures d’affilées dans un COD (Centre Opérationnel Départemental) lors d’un épisode neigeux d’ampleur exceptionnelle dans l’Hérault en 2018. J’ai également eu la chance d’être défilant sur les Champs Elysées lors du 14 juillet 2017. Une expérience inoubliable !

A quoi ressemble votre quotidien aujourd’hui ?

Aujourd’hui je suis officier expert formation dans un groupement territorial. Mon quotidien se résume à des journées toutes différentes et c’est ce que j’attendais. Il n’y a pas deux jours qui se ressemblent. Un jour je participe à une réunion pour préparer les formations de l’année suivante. Un autre je suis un feu d’habitation car je suis d’astreinte en tant que chef de groupe. Ou bien encore je suis formateur sur notre centre de formation départemental. Bien sûr je compte un jour devenir capitaine et diriger un centre de secours. Mais à l’heure actuelle je préfère profiter de chaque instant et faire un maximum d’interventions !

Quels conseils donneriez-vous pour un étudiant qui souhaite s’engager dans la voie qui est la vôtre (officier)…

Les conseils que je pourrais donner sont pour moi :

Une grande motivation car le chemin est long, ainsi que de la persévérance car l’échec n’est pas de tomber mais de rester là où l’on est tombé !

Avoir conscience que ce métier est une chance et qu’il faudra donner de sa personne car il s’agit de l’une des dernières professions encore appréciée par la population.

Enfin, je conseille de toujours chercher à trouver un équilibre personnel/professionnel afin de garder une motivation tout au long de sa carrière !

Merci beaucoup pour cette longue interview!