Benoit Debladis

Nos anciens, venus en HSE car pompiers passionnés, témoignent quinze ans après : Interview de Benoit

 Benoît Debladis, Officier Sapeur-Pompier, explique son passage à Tulle, puis le concours d’officier, son passage à l’ ENSOSP (Ecole Nationale Supérieure des Officiers Sapeurs-Pompiers) et le métier d’Officier de Sapeurs-Pompiers. Il appartient à la première promotion, comme Audrey B. (voir les trois articles la concernant). Voici notre interview de Benoit, venu en HSE pour ensuite intégrer la sécurité civile:

Bonjour Benoît!

De l’IUT au concours de lieutenant

Que gardez-vous comme souvenir de votre DUT HSE  à Tulle?

Je suis arrivé à Tulle en 2001, pour l’ouverture du DUT HSE, ça commence à remonter un peu alors je vais essayer de me souvenir un peu.

Je n’ai que des très bons souvenirs de Tulle. S’il y a tant d’anciens qui reviennent à l’IUT, pour enseigner, pour participer aux Journées Portes Ouvertes ou juste pour dire bonjour, c’est bien qu’il y a une raison.

J’ai le souvenir d’un IUT à taille humaine où tout le monde se connaît. Et les liens se tissent très vite. Je me rappelle de la journée d’intégration mémorable avec la descente en canoë, le repas au resto et la fin de soirée très tard mais là je ne peux pas en dévoiler plus. Le sport est très présent à l’IUT et il y a également eu de sacrés soirées d’organisées, sans parler du barbecue de fin d’année que nous avions fait sur le parking, un moment unique…

Bon j’ai quand même aussi des souvenirs de l’intérieur de l’IUT et des cours. Les locaux sont au top, l’encadrement est à l’écoute, toujours disponible et accessible. L’enseignement y est vraiment varié et je pense que ça a vraiment été un plus par rapport à d’autres IUT HSE un peu moins ouverts…Bref, j’avais deux choix, Bordeaux et Tulle et je n’ai été ni déçu ni frustré en venant à Tulle. Alors n’ayez pas peur, venez y passer deux belles années !!

Aviez-vous des matières en lien avec les pompiers?

L’enseignement est comme je disais, très varié et pour moi qui me focalisait sur le métier de sapeur-pompier, j’y ai trouvé mon compte et ça m’a aussi permis d’explorer d’autres matières. Les cours de chimie, radiologie, microbiologie, sur l’environnement, la communication, le droit, la mécanique des fluides sont autant de matières qui m’ont beaucoup appris. Nous avons bien entendu eu aussi des cours un peu plus spécifiques avec une initiation à la prévention dans les établissements recevant du public, les feux de forêt, les plans d’intervention et j’en oublie plein.

Pouvez-vous nous parler de votre stage?

J’ai effectué mon stage au SDIS de la Corrèze qui avait pour thème la mise en place d’une équipe de spécialistes en risques chimiques. Ca m’a surtout permis de travailler au cœur d’un SDIS et d’en voir l’organisation interne. Cela étant vu, j’ai choisi une autre branche de la sécurité civile pour mon stage de licence et je suis allé voir le côté gestion des risques au sein d’une préfecture. Là encore ça a été une vraie plus-value.

Faut-il être obligatoirement SP volontaire pour ensuite réussir le concours? Etiez-vous SP volontaire pendant le DUT ?

Je suis sapeur-pompier volontaire depuis l’âge de 16 ans et je le suis toujours en complément de mon emploi de pompier professionnel. Personnellement, être volontaire m’a beaucoup apporté en expérience et en maturité et ça a été un sacré plus pour moi mais pas forcément pour le concours.

Un de mes amis, qui a fait sa formation de Lieutenant avec moi, est devenu sapeur-pompier professionnel car il a toujours été attiré par ce métier. Il n’a jamais eu l’occasion d’être SPV, il a passé un doctorat en histoire, sa deuxième passion et il a réussi brillamment son concours d’officier. Il n’avait jamais été pompier avant sa formation et je peux vous assurer que c’est aujourd’hui un meilleur officier de sapeur-pompier que bon nombre qui sont arrivés avec des années d’expérience en tant volontaire ou professionnel. Il est aujourd’hui Capitaine, en train de passer son examen de Commandant et chef d’un groupement qui dirige plusieurs centres de secours.

Le concours de lieutenant et l’ENSOSP

Qu’avez-vous fait après le DUT?  Comment vous-êtes-vous préparé au concours de lieutenant?

Après l’IUT, j’ai enchaîné sur une licence professionnelle en protection civile et sécurité des populations à l’IUT de Niort (en 2003 il fallait avoir un bac+3 pour s’inscrire au concours d’officier). Cette année m’a bien aidé à préparer le concours avec des enseignements orientés sur le concours et là aussi de nombreux officiers qui intervenaient sur nos cours. Ma préparation s’est ensuite faite en solo à partir d’annales de concours, avec des préparations récupérées sur la rédaction d’une note de synthèse faites pour les concours internes et à partir de cours du DUT et de la Licence. Je peux vous garantir que j’y ai passé du temps surtout que je l’ai réussi au bout de la troisième année.

Comment se déroule le concours? Quelles sont les épreuves? Lesquelles vous avez trouvé les plus difficiles?

Le concours se déroule en 3 parties. Il y a d’abord des épreuves écrites éliminatoires. Ensuite vous poursuivez sur des épreuves de sport puis des épreuves orales avec un entretien en langue étrangère et une épreuve de 25 minutes avec un jury.

Le point le plus dur portait sur la rédaction d’une note de synthèse en 4h, mais aujourd’hui suite à la réforme des concours, je pense que le sport est aussi très compliqué avec des barèmes relevés et une concurrence très dure. Pour exemple, lors de mon dernier concours, il y avait 100 places et au départ nous étions près de 2000 inscrits.

Qu’avez-vous appris à l’ENSOSP? Comment ça se passe, là-bas?

J’ai passé quasiment un an à l’ENSOSP pour ma formation de Lieutenant (avant de remettre ça pour la formation de Capitaine pendant 14 semaines). Bien évidemment les formations qui concernent l’opérationnel sont les plus intéressantes, que ce soit celles de chef de groupe, de feu de forêt ou sur les spécialités en risque chimique ou radiologique. Mais je pense qu’au-delà de la formation, le principal but de l’ENSOSP est de se créer une liste de contacts dans toute la France et d’apprendre sur le fonctionnement des autres SDIS. Aujourd’hui, mon réseau s’étend des départements du Nord jusqu’au Var en passant par l’Isère, la Drôme, la Loire, la Normandie, la Bretagne et j’en oublie probablement. C’est toujours un plus pour moi de pouvoir contacter un collègue n’importe où en France pour comparer et échanger sur une problématique particulière.

Le quotidien d’un Officier Sapeur-Pompier

Que faites-vous aujourd’hui?

Depuis 2008 je suis officier au sein du SDIS de la Gironde. Je suis Capitaine et chef de 2 Centres de Secours, ceux de Coutras et Lapouyade, au Nord Est du département. Ces deux casernes cumulent 2900 interventions par an avec un effectif de 20 pompiers professionnels et 75 volontaires.

C’est quoi, finalement, le métier d’Officier de Sapeur-Pompier?
Benoit Debladis

Benoit Debladis

Il faut savoir déjà que la part de l’opérationnel chez les sapeurs-pompiers ne représente pas une grande partie du temps de travail. Pour un Caporal qui vient de rentrer il s’agit à peu près de 17 % de son temps et pour ma part, à l’année c’est environ 7 % de mon temps de travail.

Le métier d’officier de sapeur-pompier est très diversifié et j’ai l’habitude de dire que tout ce que je fais au quotidien n’a qu’un but : faciliter l’intervention de mes équipes :

je dois donc organiser les temps de travail des professionnels, veiller à la réalisation de leurs formations et leur maintien en condition physique, je mets en place les astreintes des volontaires. Nous avons aussi des missions plus logistiques avec le suivi de nos engins et de nos bâtiments. Il y a également le travail en extérieur : les commissions de sécurité dans les établissements recevant du public, les conseils aux élus sur la défense incendie de leur commune, le temps passé avec les présidents des associations de défense de la forêt pour la création ou la remise en état de pistes forestières et des points d’eau naturels, le contact avec des exploitants pour la réalisation de plans d’intervention…

Avez-vous vécu des interventions marquantes?

C’est un travail complexe mais j’ai aussi la chance, du fait d’être dans un département important d’avoir pu participer à des interventions de grandes ampleurs et même certaines qu’on ne vit qu’une fois dans une carrière, voire pas du tout…

J’ai notamment en tête l’organisation des phases tempêtes avec des opérations multiples, des accidents de la circulation avec des poids lourds impliquant de grosses désincarcérations, un incendie dans une résidence pour personnes âgées avec l’évacuation de 100 personnes dont 8 sauvetages par les échelles, les feux de forêt de grande ampleur, que ce soit les centaines d’hectares au bord des zones habitées en 2015, ou plus de 1000 ha du printemps 2017 dans le Médoc, et puis en limite de mon secteur, cet accident entre un bus et un camion qui fera 43 morts, pour lequel notre intervention se poursuivra près d’une semaine, avec l’aide aux gendarmes de l’identification criminelle, puis l’assistance aux élus et aux populations pour les rassemblements, les marches ou encore la réception du Président de la République.

Si certains sont intéressés par le métier d’officier de sapeurs-pompiers, je les invite à vraiment étudier la chose. Ce n’est pas un travail de bureau comme un autre et ce n’est pas l’emploi du temps d’un pompier professionnel en cycle de 12h de travail. On peut très bien passer une nuit en intervention et être au bureau le lendemain car il faut que la caserne tourne et assurer les différents rendez-vous pris. En ce qui me concerne j’ai constamment mon téléphone de service sur moi et il m’est arrivé de faire 300 km pour rentrer de vacances et relever mes collègues sur un feu de forêt majeur alors que j’étais en vacances depuis la veille…oui c’est grave mais c’est une maladie qui ne se soigne pas.

Quel conseil donneriez-vous à des étudiants actuellement à l’IUT?

Mon seul conseil serait de profiter à fond de ces deux années. Cela va très vite. Vous avez la chance d’avoir un enseignement varié et de qualité, ainsi qu’un cadre de vie et d’étude protégé et familial. Prenez le temps de découvrir les différentes matières et profitez de vos stages. En première année nous étions nombreux à vouloir être officier de sapeur-pompier et au final il y en a beaucoup qui ont trouvé un intérêt dans d’autres métiers en lien avec la sécurité. Alors pas de précipitation et faites- vous plaisir…ça sert aussi à ça les études.

Quelle est ou quelles sont les questions que nous avons oublié de poser et auxquelles vous voulez répondre?!

Je crois que j’ai fait le tour. Je ne suis pas très bavard en général mais là je crois que j’ai assez phrasé pour un bon moment. En revanche je serai ravi de pouvoir répondre à toutes les questions des étudiants. Alors surtout n’hésitez pas à me contacter. A bientôt à l’IUT ou vers La Calèche.

Merci beaucoup Benoît, à bientôt à Tulle quand vous passerez nous voir!