Éditorial – Pour un méta-séminaire

Pour un méta-séminaire

Le rôle de la Fédération Romane de Sémiotique (FedRoS) est de promouvoir la recherche internationale en sémiotique en réunissant les centres de recherches et les groupes institués qui développent leurs travaux en ayant recours, principalement ou occasionnellement, aux langues romanes.

La sémiotique pratiquée dans cette aire culturelle intègre les mouvements intellectuels développés en Sciences Humaines et Sociales au cours des XXe et XXIe siècles dans les domaines linguistique, anthropologique et philosophique sans exclure d’autres champs disciplinaires. Le partage de ces références fonde un socle épistémologique commun d’origine structurale, assure l’intercompréhension des discours et garantit la communicabilité des recherches. À partir de ces bases partagées, la FedRoS propose de lancer des recherches et/ou de répondre à des appels d’offre et/ou de soutenir, après avis favorable de son Conseil scientifique consultatif, les réponses aux appels d’offre d’un ou plusieurs de ses membres.

Pour ce faire, elle doit d’abord favoriser des rencontres entre sémioticiens, l’objet poursuivi par ces collaborations étant le développement et la diffusion des études sémiotiques, la promotion de la recherche théorique et appliquée, ainsi que la réflexion sur la didactique de la discipline.

Engagée dans une dynamique interactionnelle, la FedRoS a mis en place et organise depuis l’automne 2020 des Rencontres scientifiques entre ses équipes adhérentes. L’objectif, toutes les trois semaines, est de donner la parole à une équipe du réseau afin qu’elle présente ses membres, ses activités et fasse part de ses orientations scientifiques précises. Après bientôt trois trimestres de ces Rencontres, des lignes de force se dégagent et tracent progressivement les voies empruntées par la sémiotique romane et plus précisément par les pratiques sémiotiques post-greimassiennes de ces dernières années, tant au plan théorique, méthodologique que philosophique.

Le constat général est celui d’une continuité. Les pratiques sémiotiques post-greimassiennes, avec pourtant des champs divers, restent d’essence syntagmatique, portées par la façon dont les signes s’agencent pour constituer des formes complexes. Grammaire narrative, isotopie, suites modales, séquences sensibles, passionnelles, resurgissent toujours de façon récurrente comme ce qui en organise les conditions de scientificité.

Il en est aussi de l’ancrage épistémologique, alors que les objets et les perspectives ne cessent de se multiplier. De la même manière que le socle théorique et méthodologique continue de référer au linguistique, l’approche reste solide, à l’image de celle énoncée par Greimas lui-même, qui engageait la sémiotique comme une discipline « pour accompagner et réaliser des recherches dans les sciences humaines, y compris pour effectuer des descriptions détaillées d’objets ou de pratiques culturels ».

Autrement dit, alors qu’on assiste à des offensives fortes, à la faveur d’un tournant anthropologique de la sémiotique, en réalité, ces offensives ne sont que l’actualisation du projet originel de Greimas qui, depuis toujours visait à conférer ce rôle essentiel à la sémiotique, s’occuper du « sens de la vie ». Ceci est donc très rassurant, confortant en outre l’inspiration de Paolo Fabbri lorsqu’avec d’autres il insistait pour la création d’une Fédération romane de sémiotique, à même, selon lui, d’affirmer la singularité de la sémiotique greimassienne parmi d’autres sémiotiques.

Néanmoins, reste les modèles à l’œuvre. Il est évident que là aussi il y a continuité. Dans l’esprit. On le sait, Greimas n’a jamais élaboré ses modèles sémiotiques qu’en prenant appui sur la description d’objets concrets, contes, textes littéraires, recettes de cuisine, des passions lexèmes, notamment. Et il en a toujours été de ses suivants, en Italie, en France, en Belgique, au Brésil, au Mexique, et ailleurs. Les échanges obtenus lors des Rencontres sémiotiques ont permis de voir que cette tradition herméneutique en réalité est restée la même ; et avec des partis pris assez tranchés : sémiotique littéraire à SemiotIst, sémiotique des nouveaux médias et de l’IA à Unimore, sémiotique des objets culturels et des pratiques à l’USP, sémiotique des pratiques sociales au CsS à Palerme, sémiotique des interactions de l’expérience sensible à la PUC-SP, etc.

Pour la FedRoS, l’opportunité d’un méta-séminaire devient ainsi plus qu’une évidence. Alors que Greimas et ses suivants immédiats s’intéressaient en majorité aux objets esthétiques, l’air des derniers temps et a fortiori des temps actuels semble conduire les post-greimassiens à se pencher surtout sur les situations et les objets en lien direct avec les enjeux sociétaux contemporains. Evoqué souvent très rapidement lors des présentations générales des équipes, il paraît plus qu’utile en effet de procéder à une mise en commun de ce qu’il en ressort. Ce sera l’occasion de s’accorder déjà au moins sur la robustesse des modèles élaborés originellement par Greimas et ses suivants immédiats. Dans quelle mesure restent-ils les mêmes et continuent-ils à se conformer aux nouveaux objets et aux nouvelles problématiques ? Mais ce sera aussi l’occasion sinon de prendre connaissance, du moins de discuter plus en profondeur à une échelle beaucoup plus large des nouveaux advenus, à quelles évolutions/ruptures assiste-t-on ?

Comme son nom l’indique, le point de référence sera évidemment celui des séminaires existants, non pas pour en créer un nouveau, mais très littéralement pour s’informer des conduites et des orientations privilégiées ici et là.

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Fédération Romane de Sémiotique
Romance Federation of Semiotics
Federazione Romanza di Semiotica
Federação Românica de Semiótica