Présentation
Les inscriptions urbaines ont fait l’objet de nombreuses études depuis les années 1970, qui les ont référées au street art (Genin 2013), ont envisagé leur participation à une critique anticapitaliste (Waclawek 2012) ou à une artification (Heinich & Shapiro 2012) et ludification de la ville (Lavadinho 2011). Le programme Graff-City : appropriations urbaines imagées (2020-2023) financé par la région Nouvelle-Aquitaine et la Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine fait l’hypothèse qu’une nouvelle forme de participation citoyenne et d’appropriation symbolique de la ville peut être étudiée à travers ces inscriptions, leur observation et leur négociation.
Ces pratiques d’inscription sont complexes car, dans la continuité de la « flânerie » initiée au XIXè siècle, elles associent les pratiques visuelles et manuelles, le regard et la main, et occasionnent une double mise en spectacle, la présentation de soi (Goffman 1973) s’effectuant au travers de celle de la ville. Elles peuvent être abordées par la notion d’énonciation buissonnière ou délinquante (de Certeau 1990). Inscrire son « propre » revient alors à prendre acte d’un destin urbain, à s’inscrire dans une généalogie tout en revendiquant une participation au futur de la ville. Celle-ci devient alors un palimpseste où des « je » multiples, s’ajustant à des traces architecturales ou implémentées, prennent position par rapport à d’autres « je » et à divers « nous ».
Le programme Graff-city vise un triple objectif. Il entend observer les formes récentes des inscriptions et leur implémentation dans le tissu urbain, étudier la resémantisation opérée à différents niveaux de granularité de la ville (le mur, la rue, la cité) et comprendre en quoi ces inscriptions participent à la redéfinition d’une citoyenneté urbaine. Il se consacrera aux signatures, énoncés verbaux et graffitis en 2021 (l’échelle du mur) ; aux peintures murales (l’échelle de la rue) en 2022 ; aux lieux participatifs et parcours de street art en 2023 (l’échelle de la ville).